Entrer dehors

Mon Corps

Est un fatras de muscles et d’articulations

Une calamité de cases à cocher pour savoir ce qui cloche à chaque visite de santé

Pour qu’on me loue les mérites des diagnostics et des traitements, qu’on me donne l’air normale

Alors qu’il est évident que normale, je ne le serai jamais

Mon Cerveau

Est une catastrophe

Le théâtre de mes espoirs et de mes rêves inachevables, à jamais gâchés

M’entraînant comme des montagnes russes dans une suite de hauts et de bas

Déchaînant chez moi en quelques instants les bris, les tremblements, les éclats

La rengaine des jours mornes que je voudrais dissiper

Mon Corps

Est une calamité

Ruiné par la peine d’être handicapé

Et la torpeur de ne pas être à la hauteur pour ma propre santé

L’estomac tout retourné, sans jamais désirer ce que tout le monde semble rechercher

Le corps qui s’éclot, tout le monde court au loin

Sauf moi

Laissée là à ramper

Mon Cerveau

Est une catastrophe

Qui n’attend qu’une nouvelle angoisse, peur, ou volonté de douleur

Pour faire déborder le vase

Qu’une nouvelle épine au pied pour me larguer

Dans une tempête de doutes, de « c’est juste que tu es perdue »

De « tu ne peux pas savoir tant que tu n’as pas essayé »

Cours et cache-toi, tu ne peux pas laisser passer ça

Malgré toute ta volonté

Alors je trébuche

Je tombe

Je m’arrête

Jusqu’à ce que ma détermination me remette sur pied.

L’Amour m’aide à continuer.

Et mon Cœur m’aide à m’envoler.