Pour la semaine de visibilité du spectre aromantique (du 16 au 22 février), nous avons publié en avant-première des articles du numéro sur l’aromantisme, que vous pouvez retrouver ici.
« Traduire, c’est trahir » …qui on est. Je fais encore mes premiers pas, aussi bien en traduction qu’en asexualité et en aromantisme. J’entame là un travail extrêmement personnel et nécessairement imparfait. L’imperfection majeure, c’est la traduction du genre et de son absence. Je propose via le panneau d’options le choix entre une écriture inclusive/non-genrée (par défaut) et une écriture au neutre grammatical ; vous trouverez plus d’explications sur cette page. Si vous avez des remarques à ce sujet, toute proposition est la bienvenue.
En ce qui concerne les (néo)pronoms anglais (they individuel, xe/xim, etc.), ils seront intégrés à la grammaire française sans traduction (« They est dans la cuisine », « Je zir ai souhaité bonne chance »…). Il me paraît en effet aberrant, tant qu’on peut l’éviter, d’attribuer aux gens des pronoms qu’iels n’ont pas choisis. Ces pronoms sont soulignés, et vous pouvez les survoler à la souris (sur ordinateur) ou appuyer dessus (sur mobile) pour mieux les comprendre.
Je tiens à remercier Michael Paramo de m’autoriser à me lancer dans cette aventure, et vous toustes pour votre lecture.
LAbare / Florïan Lorenzetta
Il est important de mettre à mal le vocabulaire dominant en ce qui concerne l’asexualité, l’aromantisme et les identités agenres : parler de « frigidité », de « virginité », de « vieille fille », de « trouble du désir sexuel hypoactif », de « trouble de l’identité de genre », de « cœur de pierre », de « confusion », de « sexe biologique », d’« ambiguité », d’« immaturité », de « robots »… nourrit le cadre des violences médicales et sociales que nous subissons.
Il est tout aussi important de mettre à mal le vocabulaire dominant en ce qui concerne les autres identités marginalisées abordées dans cette revue, qui sont indissociables des réflexions sur l’aromantisme, l’asexualité et les identités agenres. Il y a de plus une différence de perception entre les sociétés colonialistes anglophones et la société française, de par l’Histoire et les décisions géopolitiques, qu’il nous semble important de préciser. Vous trouverez donc ci-dessous une liste non-exhaustive expliquant (trop) brièvement certains choix de traduction. Les personnes marginalisées ont le droit absolu de choisir les termes qui désignent leur identité propre, le droit absolu de ne pas avoir totalement déconstruit les injonctions et le vocabulaire intériorisés ; en tant qu’alliées’, nous avons le devoir d’utiliser le vocabulaire le plus neutre et le plus respectueux, de soutenir leurs luttes en les représentant correctement.
Ces conclusions sont le fruit de nos recherches et du travail pédagogique de nombreuxses militantes’, n’hésitez pas à nous écrire en cas d’erreurs ou si nos recherches sont incomplètes ; les liens de contact sont en bas de page.
La race est une construction sociale utilisée pour justifier les systèmes racistes. Dans le monde francophone, les racisantes’ nient cette dimension sociale et ne parlent que de « couleur de peau » (ce qui exclut les questions de colorisme, d’antisémitisme, etc. ainsi que le caractère historique et changeant de la construction de la blanchité), et, au prétexte qu’iels « ne voient pas les couleurs », rejettent le terme et l’idée de race. En revanche, le monde anglophone colonialiste utilise beaucoup le terme de race, puisque les mouvements et études anti-racistes sont plus développées et plus ancrées dans l’Histoire qu’en France, notamment aux États-Unis. C’est dans cette optique que, pour parler du racisme de manière générale, nous reprenons le terme de race, au sens social, et les termes racisante’ et racisée’ utilisés dans les mouvements anti-racistes français, même s’ils ont leurs limites et doivent être utilisé avec parcimonie, puisqu’ils uniformisent des vécus différents : on parlera donc dès que nécessaire de négrophobie/misogynoir et de noires’, d’antisémitisme et de juifves, d’islamophobie et de musulmanes’, etc. sur le modèle des mouvements dédiés à la réflexion et à la lutte contre ces discriminations propres.
La grossophobie utilise la pathologisation constante des individues’ : les termes d’obésité, de surpoids et d’embonpoint sont des concepts médicaux qui peuvent s’appliquer à une personne (si elle a été diagnostiquée ainsi ou qu’elle choisit l’un de ces termes), mais ne recouvrent absolument pas l’ensemble des vécus des personnes grosses. L’adjectif grosse’ est neutre tant que l’on ne porte pas de jugement de valeur dessus, et c’est un terme que se sont réapproprié les militantes’ grosses’. Une difficulté se pose cependant pour traduire le mot fatness ; après quelques recherches, et sur le même modèle que pour grosse’, parler de grosseur nous semble être le choix le plus pertinent.
Le handicap est également uniquement vu sous l’angle de la pathologie. Les euphémismes tels que « personne en situation de handicap » ou « non-valide » fleurissent donc pour distancier autant que possible la personne de son handicap et pour la placer en position de souffrance. Nombre de militantes’ anti-validistes utilisent l’adjectif handicapée’ (plus d’explications dans cette vidéo de Vivre Avec), qui permet d’aborder plus simplement le modèle social du handicap (car, surprise ! le handicap est en grande partie une question sociale). La neuro-/psychophobie mériterait son propre paragraphe, mais nous n’avons pas encore rencontré d’articles qui nécessitent de creuser le sujet ici.