L’émission de radio Finding Me, par Nemo Siqueiros

Finding Me (À la recherche de soi-même¹), c’est une émission de radio que j’ai lancée en août 2016, sur la station KPPP-LP 88.1 FM de Fargo-Moorhead qui diffuse en fait depuis chez moi. À la fin de mes études à l’université d’État du Minnesota, à Moorhead, j’ai voulu donner la parole aux personnes queers racisées de notre communauté, parce qu’elles sont souvent noyées dans la masse des voix des blanches’ queers. Dans cette communauté particulièrement conservatrice, la blanchité domine largement le discours queer, et les débats intègrent encore peu les questions d’intersectionnalité.

Finding Me s’inscrit dans la démarche du People’s Press Project², qui cherche à donner un espace d’expression aux personnes issues de minorités. Dans cette émission en particulier, je m’attache à donner la parole à la communauté locale et aux personnes qu’on n’entend pas ailleurs, en les interrogeant sur des sujets qu’on évite d’habitude pour ne pas faire de vagues.

Cette émission, elle est faite pour donner corps à leurs voix, à leurs expressions artistiques, que ce soit de l’art visuel ou musical, à leurs espoirs, à leurs peurs, mais aussi pour recevoir leurs questions et y apporter des réponses de mon point de vue. Aujourd’hui, il y a beaucoup de gens qui partent du principe que leur genre et leur sexualité sont figées, ou qui pensent qu’iels ne peuvent pas changer. Mais dans Finding Me, vous retrouverez toujours votre présentateur Nemo Siqueiros, moi-même, pour vous accompagner dans votre recherche de vous-même.

Le 6 décembre 2017, à 17 h, j’ai invité Cindy et Duke Gomez-Schempp, ainsi que les directeurices et les gestionnaires de la station de radio et plusieurs alliées’, pour animer une émission intitulée Hiding Behind the Rainbow (Se cacher derrière le drapeau), centrée sur la définition de l’agression sexuelle. Ce jour-là, j’ai parlé en particulier de comment Kevin Spacey s’était caché derrière le drapeau quand les médias avaient révélé qu’il avait sexuellement agressé un mineur. Kevin Spacey était pitoyable dans ses fausses excuses, et a fait preuve en particulier de manipulation psychologique³ pour remettre en question le témoignage de la victime (« ce n’est pas le souvenir que j’en ai ») et d’une fausse empathie pour se distancier des faits (« je suis désolé que tu te sentes blessé »), tout en faisant dans le même temps son coming-out pour détourner l’attention de ses méfaits.

J’affirme sans détour que les viols, les agressions sexuelles et la pédophilie n’ont pas leur place dans la communauté queer. Il y a beaucoup de gens qui subissent des agressions sexuelles, et qui ne s’en rendent même pas compte. En plus de ça, le taux d’agressions sexuelles dans la communauté LGBT est plus élevé que chez les personnes hétéros. Ce n’est pas parce qu’il y a une réaction physiologique qu’il y a consentement. Le consentement doit être clairement verbalisé et donné en pleine conscience, c’est une nécessité. Par exemple, une femme qui viole une autre femme, qu’elle soit cisgenre ou non, qu’il y ait pénétration ou non, reste coupable de viol ou d’agression sexuelle.

J’avais conclu cette émission sur cette question extrêmement importante : c’est quoi, le consentement ? Pour faire simple, c’est surtout une question de mots et de langage corporel. Si vous avez bu, ou si l’autre personne est en état d’ébriété ou inconsciente, ou, en gros, si elle n’est pas complètement présente d’esprit ou qu’elle reste silencieuse, alors ce n’est pas du consentement. Il est évident que si les deux personnes ne sont pas sobres, elles risquent de prendre de mauvaises décisions ou de mal interpréter les signaux que renvoie l’autre ; mais c’est comme conduire en état d’ébriété, cela ne nous affranchit pas de notre culpabilité si on cause un accident de voiture et qu’on fait des victimes.

Cette émission a été rediffusée le mercredi après-midi pendant un mois, jusqu’au premier mercredi du mois suivant où j’ai dévoilé ma nouvelle émission, Finding Me. Le dessin qui illustre cet article, et qui s’inscrit dans l’esprit général de l’émission, représente Chelsea Lyons Kent, une personnalité politique des mouvements progressistes, condamnée par la justice floridienne et connue entre autres pour avoir fait un doigt d’honneur en direct à la télé quand il a été annoncé que Bernie Sanders, le candidat qu’elle représentait à Hawaï, avait perdu une élection interne du parti démocrate. Elle a déclaré qu’elle comptait bien coucher avec qui elle voulait, avec ou sans consentement, au prétexte que ce serait son « droit ». Sans consentement, c’est une agression sexuelle. Elle peut bien être bisexuelle ou pansexuelle, ce n’est pas la question : l’agression sexuelle et le viol sont intolérables.

J’y vois les mêmes dynamiques que lorsque Kevin Spacey a fait son coming-out homosexuel pour enrober ses « excuses » après son agression sexuelle sur un mineur. Dans les deux cas, ces personnes utilisent dans leurs discours l’idée que faire partie de la communauté LGBT serait une expérience « singulière » et « taboue », ce qui est fondamentalement homophobe et transphobe. On a encore une fois des gens qui jettent la communauté LGBT en pâture pour leur propre défense, et qui ravivent les vieilles idées rances selon lesquelles les personnes LGBT seraient « perverses » et constitueraient « un danger pour les enfants » : les mêmes croyances contre lesquelles nous nous battons depuis que les femmes trans racisées de Stonewall ont jeté la première brique.

Comptes personnels : Facebook, Twitter.

Comptes artistiques : Twitter, Tumblr (déserté).

Retrouvez Finding Me sur KPPPFM ; vous pouvez apporter votre soutien financier à l’émission via les onglets “Donate” (Dons) et “Underwriting” (Sponsors).

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