Pour la semaine de visibilité du spectre aromantique (du 16 au 22 février), nous avons publié en avant-première des articles du numéro sur l’aromantisme, que vous pouvez retrouver ici.

(Remettre) De la race dans l’asexualité : asexualité, race sociale et justice sociale

Article original par Lauren Barbour, Elyse Jones et Alina Osborn ; traduit par LAbare / Florïan Lorenzetta

Thèmes : asexualité, racisation et racisme, esclavage, violences physiques et sexuelles, représentation.

NdT : Par souci de fluidité, et pour rester proche du texte original, cette traduction utilise des formes telles que « l’a/sexualité », qui sont à comprendre comme « la sexualité et l’asexualité ».

Conférence : Creating Change, Washington, 2018 (PDF du programme de la conférence)

Date de la présentation : le 26 janvier 2018, de 16 h 45 à 18 h 15

Titre de la présentation : (Remettre) De la race dans l’asexualité : asexualité, race sociale et justice sociale

Sujets de la présentation : justice raciale et notions de base

Déroulement

Cet atelier interactif aidera les participantes’ à prendre connaissance et à approfondir leur connaissance des rapports liant l’impératif de sexualité à la non-sexualité (c’est-à-dire l’absence de désir sexuel) et à l’asexualité (c’est-à-dire le fait de n’avoir peu ou pas de désir sexuel), et des effets des préjugés racistes sur ces identités et pratiques sexuelles. Les intervenantes apporteront leur réflexion sur les effets de la construction de la race sur les identités et pratiques sexuelles mentionnées ci-dessus. Cet atelier interrogera également le rôle que peuvent prendre les mouvements d’identité asexuelle pour lutter contre l’a/sexualisation des communautés racisées. Les participantes’ auront l’occasion d’appliquer les connaissances apprises durant l’atelier sur les questions d’impératif de sexualité, de non-sexualité et d’asexualité en construisant des discours informés et inclusifs sur ces sujets. Différents groupes seront amenés à réexaminer leurs propres expériences de vie pour aider les participantes’ à s’assurer que leur défense des communautés LGBTQI+ est informée et inclusive des préjugés racistes présents dans la construction des débats sur l’asexualité, les mouvements sex-positive et l’impératif de sexualité. Tout au long de la présentation, les participantes’ pourront poser des questions et recevront des conseils pratiques pour aider les gens à comprendre l’asexualité dans son intersection avec la race.

Objectifs

Résumé

Après s’être présentées, les trois intervenantes ont posé les définitions de certains termes clés de la présentation. Lauren Barbour a exposé en détail l’histoire des communautés racisées hypersexualisées et asexualisées au sein de l’Histoire. Elyse Jones a ensuite examiné l’histoire de l’asexualité et des identités qui y sont associées au cours des vingt dernières années, en détaillant la manière dont les stéréotypes racistes et la blanchité déjà présente dans la communauté asexuelle contribuent à ce que la communauté asexuelle reste blanche. Enfin, Alina Osborn a interrogé le présent et l’avenir du militantisme asexuel, ainsi que la marche à suivre pour déconstruire la blanchité dominante de la communauté asexuelle. Les trois intervenantes ont conclu sur une discussion avec le public sur l’inclusivité, ce qui a permis aux participantes’ de repartir avec des connaissances à utiliser dans leur propre militantisme.

Support PDF de la présentation (en anglais, transcrit et traduit ci-dessous)


(Remettre) De la race dans l’asexualité
Asexualité, race sociale et justice sociale
Lauren Barbour, Elyse Jones et Alina Osborn

1/ Introduction

2/ Mots-clés et définitions

Asexualité : Le fait de ne ressentir que peu, ou pas, de désir sexuel. Il s’agit d’un spectre qui inclut la gris-sexualité et la demi-sexualité.

Impératif de sexualité (hétérosexuelle) : Un ensemble de comportements, de structures et de codes qui renforcent la croyance selon laquelle il serait nécessaire de vouloir ou d’avoir des rapports sexuels fréquents (à condition qu’ils soient d’une nature acceptable aux yeux de la societé).

Racisme systémique : L’ensemble des comportements et des codes qui structurent la société et entretiennent le racisme, lequel ne se limite pas à des actes individuels ou à des interactions interpersonnelles.

Asexualisation : Le fait de marquer comme asexuel un groupe de personnes (par exemple, un groupe racisé) sans leur consentement.

Non-sexualité : L’absence de désir sexuel ou de comportements sexuels. La non-sexualité en tant qu’identité est différente de l’asexualité ; il est assez rare de se définir comme non-sexuelle’.

Hypersexualité : Le fait d’attirer l’attention sur la sexualité et les comportements et codes qui y sont associés. L’hypersexualité est teintée de connotations racistes qui associent certains groupes à une idée d’excès de sexualité, et donc de déviance ou de perversion.

Suprémacisme blanc : La croyance selon laquelle la construction sociale de la blanchité serait fondamentalement supérieure à celle des groupes racisés, ce qui justifierait sa position dominante dans la société par un ordre naturel supposé.

3/ Contexte historique

4/ Comment parle-t-on des natifves américaines’ ?

5/ Les notions de « violabilité inhérente » et d’hypersexualisation

6/ La justification fallacieuse du suprémacisme blanc

7/ Asexualisation/désexualisation

8/ Glissement des constructions de la sexualité blanche

9/ Recensement asexuel

Graphique des races sociales auxquelles se définissent les personnes asexuelles
Données issues du recensement asexuel de 2014 ; plus de détails dans cet article.

10/ La communauté asexuelle en ligne

Photo d’un cortège asexuel portant un drapeau asexuel, une banderole marquée « AVEN — asexuality.org », et des ballons en forme de lettres qui composent ensemble le mot “asexy”. Capture d’écran de l’application “ACEapp” sur le Play Store.

11/ David Jay et la blanchité du militantisme asexuel

Photo de profil de David Jay, parfaite illustration de l’homme blanc dyadique cisgenre. Vignette du documentaire “(A)sexual”, montrant un dessin de David Jay avec les mots “Not everybody’s doing it”.

12/ La représentation de l’asexualité dans les médias

Image extraite de la série BoJack Horseman : Todd arrive à un rassemblement asexuel, où sont déjà présentes des personnes en tout genre ; au milieu, une pancarte annonce “All aces welcome!” (« Toutes les personnes aces sont les bienvenues ! ».

13/ The Asexual/AZE, Michael Paramo

Ancienne bannière du site The Asexual, aux couleurs du drapeau asexuel.

theasexual.com (devenu azejournal.com en 2019) : Un espace créé spécifiquement pour porter les voix des personnes asexuelles. Fondé par Michael Paramo, qui se définissait à l’époque comme « un demihomme asexuel Latinx », qui a constaté un manque de représentation asexuelle et d’espaces asexuels et qui a entrepris d’y remédier.

Description sur le site : « The Asexual a été créé par Michael Paramo en 2016. Cette revue sert d’espace d’expression pour les auteurices et artistes de toutes asexualités, pour qu’iels puissent publier leurs articles dans une revue trimestrielle papier et en ligne. Son but principal est de rassembler des récits, des perspectives, et des militantismes de personnes asexuelles. »

14/ L’art asexuel comme militantisme

Les trois « vagues » du militantisme asexuel

  1. Affirmation de l’identité
    • Les personnes asexuelles ont toujours existé, elles n’avaient simplement pas de mots pour se décrire, ni de communauté pour se retrouver
  2. Gain de visibilité
    • Diffuser et vulgariser le concept d’asexualité
  3. Remise en question de la vision traditionnelle du sexe
    • La société force l’asexualité à se construire en contraste de son hypersexualité omniprésente
    • Chaque personne a un ressenti différent par rapport au sexe, mais tout le monde subit l’impératif de sexualité (le fait que tout le monde est poussé à avoir des relations sexuelles, qu’on soit prête’ ou non, que ça nous intéresse ou non)
    • Réappropriation des identités asexuelles comme individuelles : il convient d’éviter de faire des déclarations générales sur l’asexualité
      • Être asexuelle’, ça ne veut pas dire refuser en bloc le sexe et la sexualité : de nombreuses personnes asexuelles n’ont aucun problème à parler de sexe, et certaines ont des rapports sexuels
      • Il existe également des personnes asexuelles répugnées par le sexe ; elles sont légitimes, mais leur ressenti n’est pas représentatif de l’ensemble de la communauté asexuelle
Œuvre d’art murale composée d’emballages de préservatifs colorés pour former un drapeau asexuel ; certains emballages sont intacts, d’autres sont entrouverts, et le reste est complètement ouvert, laissant pendre le préservatif toujours accroché à l’intérieur.
Je [Elyse Jones] suis asexuelle et artiste, et j’ai créé une œuvre d’art dans le but d’attirer l’attention sur les individualités au sein de la communauté asexuelle et sur la relation que chaque personne a au sexe.

15/ Définir le militantisme asexuel

16/ L’aliénation de l’asexualité

Pas assez « hétéro »

Pas assez queer

Pas assez asexuelle’

Comment votre position sur le plan racial affecte-t-elle la manière dont vous vivez votre identité asexuelle ?

17/ Les aspects importants du militantisme asexuel

Qu’est-ce qu’un espace d’affirmation asexuelle, et pourquoi est-ce nécessaire ? Comment construire ces espaces pour qu’ils prennent en compte les problématiques liées au racisme ?

Comment faire pour en finir avec les expressions de l’identité (qu’elles soient issues de stéréotypes ou d’une volonté de subversion) qui privilégient les comportements sexuels ?

18/ Questions pour conclure