Pour la semaine de visibilité du spectre aromantique (du 16 au 22 février), nous avons publié en avant-première des articles du numéro sur l’aromantisme, que vous pouvez retrouver ici.

Netflix and queen

Article original par Mandy ; traduit par Rosefinch

Thèmes : asexualité, adolescence, découverte de soi, pression sociale.

Ça a commencé quand j’avais treize ans.

Enfin pas exactement, je suppose que ça a commencé bien avant. C’est plutôt à partir de là que ça a commencé à se voir.

Avant ça, on grimpait aux arbres, on faisait du vélo dans la rue, on s’égratignait les genoux. Mais les choses ont commencé à changer, les défis qu’on se lançait ont commencé à changer. Il n’était plus question de savoir qui arriverait à toucher la branche la plus haute de tel ou tel arbre, mais qui arriverait à parler à tel ou tel garçon. C’est devenu les autres d’un côté, et moi de l’autre. Elles qui regardaient les garçons jouer au football, en jetant leurs cheveux en arrière avec de petits rires, et moi qui n’en avais rien à faire, lassée que les garçons soient les seuls à s’amuser. Alors j’ai fini par plonger toute entière dans la lecture.

Et puis ça a fini en dispute, parce qu’elles trouvaient que j’avais changé, que j’étais devenue plus froide, plus distante, pas normale, toujours là le nez dans mes livres au lieu de courir après les garçons, ou de parler des garçons, ou d’échanger des dossiers sur les garçons, ou de… bref, vous voyez le tableau.

De toute manière, ce n’étaient pas de vraies amies. On se voyait surtout parce qu’on a toutes grandi dans la même rue, parce que c’était comme ça. Alors j’ai laissé passer les reproches, j’ai laissé passer les mensonges, ceux dans mon dos et ceux juste sous mes yeux, et puis j’ai continué à lire, à me plonger dans la lecture.

À ce moment-là, mes livres ne parlaient pas encore d’amour, et leurs héroïnes ne cherchaient pas encore à séduire de beaux bruns ténébreux. Leurs aventures étaient encore très innocentes, presque familières, je pouvais me laisser porter par le courant.

Mais l’année de mes treize ans, ça a commencé à changer.

C’est normal, c’est l’âge. C’est les premières règles. Les premières poussées d’hormones. Le premier… copain ?

J’ai essayé, pour voir.

Physiquement, tout s’est passé comme prévu, j’ai changé. Et comme j’ai changé, j’ai découvert les injonctions de la société.

L’année de mes treize ans, j’ai commencé à avoir droit aux regards en biais dès que je m’approchais d’un garçon, aux remarques gênantes prononcées avec un sourire en coin. Et j’ai commencé à me faire à l’idée que c’était normal d’être stressée avant un premier rencard, parfois même jusqu’à en avoir la nausée.

C’était normal de décider d’un rencard avec un garçon et puis d’annuler trois fois avant d’y aller pour de vrai parce qu’on arrive pas à respirer.

Parfaitement normal.

C’est même l’inverse qui semble étrange, rester calme.

Alors je me suis fait violence, j’ai ignoré le stress et la nausée, et j’y suis allée.

Mon tout premier copain avait arrangé une sortie cinéma, en groupe avec des amies’, pour éviter que nos parents sachent que c’était un rencard. Il m’a prise par la main, on s’est acheté du pop-corn et quelque chose à boire avec notre argent de poche.

Il m’a larguée à peine une semaine plus tard, pendant les cours.

Tout ce stress, tout ça, pour rien ?

« T’en avais rien à faire de moi, m’a-t-il dit en haussant les épaules. T’as préféré discuter avec tes potes. »

J’ai fait semblant d’avoir mal.

Mes amies se sont liguées contre lui, pour réparer l’affront, mais moi, je n’arrivais pas à être en colère. Je n’arrivais même pas à être triste. Tout ce qui me venait, c’était cet immense soulagement, parce que le stress du premier rencard était passé.

Et au final, il n’avait pas tort, John. Il avait glissé son bras sur mes épaules au cinéma, et je ne m’en étais pas rendu compte avant la fin du film, parce que j’étais trop occupée à échanger des remarques avec Luana, qui était assise de l’autre côté.

Rien de grave. De toute manière, pourquoi m’embêter avec ce genre d’histoires alors que j’ai des livres à lire et des devoirs à faire ?


L’année de mes quatorze ans, c’était différent. Ce rencard cinéma désastreux était trop loin derrière moi, je ne pouvais plus vraiment m’en servir d’excuse.

On s’attendait à ce que j’aie envie de sortir avec des garçons, et j’avais beau essayer de me cacher derrière mon excuse habituelle, rien n’y faisait. Les questions ne s’arrêtaient jamais. T’as un crush ? Et lui, tu le trouves mignon ?

J’ai commencé à me rapprocher d’un garçon sur Internet. Avec le recul, je me dis que c’était probablement une tentative désespérée d’avoir une relation avec quelqu’un, même si c’était complètement artificiel. En puis il était parfait comme crush : plus âgé que moi, donc un côté un peu bad boy ; norvégien, donc aucune chance de devoir le voir en vrai, ou pire, de devoir sortir avec lui.

J’ai brodé tout un tas de mensonge sur lui, et sur ce couple. En réalité, c’était simplement un bon ami, quelqu’un qui m’avait pris sous son aile au milieu d’une communauté Internet qui ne dormait jamais. Mais pour mes amies, c’était mon mec qui vivait de l’autre côté de l’océan, un peu plus vieux, vaguement dangereux, qui m’envoyait des petits cadeaux de temps en temps. Des cadeaux que j’achetais juste en promo sur Amazon, histoire de rendre tout ça vraisemblable.

Je voulais tellement être acceptée, passer pour une fille normale, être comme les autres. C’était plus simple de faire comme si j’avais un copain. Comme ça mes amies pouvaient s’extasier devant sa gentillesse et ses petites attentions, et moi j’avais la paix. Après tout, j’étais prise.

Mais en fin de compte, la vraie vie m’a rappelée à son bon souvenir. J’ai commencé à m’emmêler dans mes bobards, et j’ai fini par inventer une histoire de rupture. Après ça, on m’a fichu la paix pendant encore une année.


L’année de mes quinze ans, tout a commencé à aller plus vite, un peu comme un train qui fonce droit vers un gros mur de brique, un train qui n’a plus de freins.

Et moi, tout ce que je pouvais faire, c’était regarder mes amies transformer ma vie en un sac de nœuds et d’histoires compliquées. Ça partait toujours d’une bonne intention, mais c’était un cauchemar à mes yeux.

Mes livres aussi ont commencé à changer. Dedans, on parlait de plus en plus de coups de foudre et de grands bruns aux yeux bleus.

Si bien que quand on me demandait si j’avais un crush, je n’avais qu’à calquer ces histoires-là.

J’ai étudié toutes mes possibilités, et puis j’ai fini par jeter mon dévolu sur le garçon le plus grand de la classe, Brian. Il était blond, donc ce n’était pas exactement le genre de garçon qu’on trouvait dans mes livres, mais il avait quand même de beaux yeux verts. Mes amies ont approuvé ce choix, toutes contentes d’avoir une nouvelle histoire à se mettre sous la dent.

« C’est clair, en plus comme il est grand tu pourras continuer de mettre des talons. »

C’était lancé comme une évidence, comme si c’était un fait : pas de talons si je sortais avec un garçon moins grand que moi. Comme si c’était à moi de bien faire attention à ne pas dépasser mon partenaire, à ne pas heurter son fragile petit égo masculin.

Mais bon, c’était aussi pour ça que j’avais choisi Brian, alors j’ai acquiescé avec un grand sourire.

« C’est tellement ton type de mec ! »

Ah bon ?

« C’est ses yeux, avoue ? Ils sont trop beaux ! »

Si vous le dites…

En vrai, Brian était un type plutôt sympa. Mais dès que j’ai jeté mon dévolu sur lui, et que je l’ai dit à mes amies, c’est devenu impossible de discuter calmement avec lui. J’avais toujours peur que quelqu’une’ lui ait dit quelque chose, que ça devienne bizarre entre nous. Et puis ça a complètement dégénéré. J’avais bien demandé aux autres de ne surtout pas essayer de nous pousser l’une’ vers l’autre, mais du coup dès qu’on était dans la même pièce, on avait droit à tout un concert de petits rires.

Et puis un jour, sans que je comprenne trop ce qui m’arrivait, un autre garçon, Luis, m’a demandé si je voulais sortir avec lui. J’ai paniqué, j’ai dit oui, et je me suis encore retrouvée dans une salle de ciné.

Pendant un instant, j’ai eu un sentiment de déjà-vu, tout se passait comme la dernière fois, mais cette fois je n’avais pas mes amies pour me servir de défense. Il a glissé son bras sur mes épaules, j’ai vu son visage s’approcher comme au ralenti. Tout allait de travers. Au final, j’ai pris mes jambes à mon cou, pas loin de la crise de panique. Je n’ai jamais pu lui reparler. Encore une amitié de fichue.

Du coup, le jour du match inter-lycée, quand Paul m’a embrassée, mais vraiment embrassée cette fois, je me suis sentie perdue. Ça ne venait de nulle part.

Enfin pour moi ça ne venait de nulle part, mais mes amies ont eu tôt fait de m’expliquer le contraire.

« Mais non enfin, il t’a tenu la porte la semaine dernière ! »

« Il t’a demandé un coup de main pour réviser ses pas de danse. »

« Il t’a demandé ce que tu lisais en ce moment. »

Je me sentais de plus en plus perdue, parce que je voyais bien que oui, il avait bien fait toutes ces choses. Mais pour moi, sans que je sache trop pourquoi, c’était juste parce qu’il était sympa.

« Enfin bon, bref, on pensait qu’il était gay, et qu’il sortait avec Pamela pour faire semblant. Au moins maintenant on sait que c’est pas ça ! »

Elle ont commencé à rire, et j’ai commencé à rire aussi, pour suivre le mouvement. Mais à l’intérieur, j’essayais surtout de comprendre dans quelle galère je me retrouvais encore.

Je n’ai jamais vraiment réussi.

L’avantage, c’était que mes amies ne parlaient plus ni de Brian, ni de Luis. Maintenant, tout ce qu’elles voulaient savoir, c’était à propos de Paul.

Il embrassait bien ?

Bien sûr, puisque quelqu’une’ racontait que ça avait duré longtemps. Je ne m’en souvenais pas. Moi, tout ce dont je me souvenais, c’était la surprise. Elle a duré tout le temps du baiser. Et je me souviens avoir pensé que c’était très étrange, d’avoir la langue de quelqu’un d’autre dans la bouche, et puis à la fin, comme une révélation : « Okay, non, ça devient gênant là. » Ils étaient où les feux d’artifice qu’on m’avait promis ? Et qu’est-ce que j’étais censée faire avec toutes mes dents ?

Elles m’ont bombardée de questions, j’ai répondu à presque tout. Et puis voilà, c’était fini.

Quelques semaines après, Paul m’a quittée pour se remettre avec son ex, et moi j’ai pu recommencer à me cacher derrière ma défense habituelle : « Non, je veux pas en parler, ça fait encore trop mal. »


J’imagine que c’est à peu près à ce moment-là que j’aurais dû commencer à me douter de quelque chose.

Mais non. Rien du tout. Je me disais, quand même, je faisais exactement ce qu’on attendait de moi. Je sortais, je voyais des gens, j’embrassais des garçons même si ce n’était pas forcément ce que je préférais, et je faisais tout ça sans que mes parents le sachent. S’il y avait eu une check-list des choses qu’on est censée’ faire quand on est une’ ado normale’, j’aurais pu cocher toutes les cases, je faisais exactement ce que les films et les livres me disaient de faire.

Je n’aimais pas ça autant que j’aurais dû selon les autres, mais je mettais ça sur le compte de ma maturité, « exceptionnelle pour mon âge », comme j’entendais parfois les adultes le dire. J’imagine que c’était aussi un peu pour me protéger, pour m’éviter de trop réfléchir aux différences que j’avais avec les autres, et sur ce que ça pouvait bien vouloir dire.

Alors j’ai juste continué à avancer.

L’année de mes seize ans, j’ai découvert une des situations les plus gênantes que je puisse imaginer : devoir apprendre la danse de salon avec un garçon.

En vrai, tout ça c’est à cause d’Orgueil et Préjugés, la version de 2005. Quelle idée de vouloir danser pour créer un rapprochement entre un garçon et une fille ? Vous voyez la scène ? Eh bien imaginez-moi quelque part en arrière-plan. Je suis en pleine panique, j’essaye de ne pas faire de bruit.

Mais j’ai pris mon courage à deux mains, et j’ai tout bien appris pour être fin prête pour les quinze ans d’une de mes amies. Même si elle nous a forcées à porter d’énormes robes à froufrous roses. Avec les petites tiares, là, aussi. Oui, bien sûr qu’il y a des photos. Mais non, personne ne les verra jamais.

Par contre, ça m’a suffi. Je n’ai jamais recommencé après ça.


Danser, j’adore ça. Depuis que je suis toute petite. Du coup, forcément, j’ai tout de suite aimé l’idée d’aller en boîte.

En général, j’y allais juste avec quelques amies’. On dansait, on riait, on buvait.

Et puis un jour, j’ai compris que mes amies’ n’y allaient plus vraiment pour danser. Iels y allaient surtout pour trouver quelqu’une’ avec qui repartir.

C’est là que j’ai découvert qu’aller en boîte, ça voulait surtout dire se retrouver avec des mecs qui essayent de vous tripoter, de coller leur sexe en érection contre vous, comme pour dire « Allez, viens », sur le ton le moins subtil qu’on puisse imaginer.

Depuis ce jour, j’ai arrêté d’aller en boîte.


Oui, je sais ce que vous vous dites : à mort l’hétérocentrisme ! Ce qu’il faut à cette fille, c’est une copine !

Okay.

Le plus drôle, c’est que les gens de ma famille se sont fait cette réflexion bien avant moi.

Depuis mes dix-huit ans, j’y ai droit au moins deux fois par an. Et même parfois, s’iels n’attaquent pas le sujet en posant directement la question, c’est carrément pour me raconter l’histoire de l’île de Lesbos, sur laquelle ne vivent apparemment que des lesbiennes.

Je vous jure.

C’est un peu ma faute ceci dit, la première fois qu’iels ont essayé de me demander, très prudemment, si j’aimais les filles, et si c’était pour ça que je n’avais jamais eu de copain, je n’ai pas réussi à répondre de manière claire que non. À ce moment-là, je n’étais pas encore très bien renseignée sur ces sujets-là, alors je m’étais contentée de hausser les épaules, en me disant que bon, si c’était ça, j’aurais dû le voir, depuis le temps. Non ? Ça m’avait l’air assez difficile à louper, ce genre de chose.

Cette réponse avait eu l’air de suffire, puisqu’iels n’avaient pas posé d’autres questions. Mais iels sont revenues’ à la charge un peu plus tard.

Iels ne pensaient pas à mal, et ça m’a au moins permis de constater qu’iels acceptaient très bien que je ne sois pas cis-hétéro. C’était bon à savoir, quand j’ai commencé à comprendre d’autres choses, après.

Mais je vous reparle de ça plus tard.


En attendant, j’ai eu l’occasion de jouer un peu avec cette idée d’homosexualité. Parce que même en faisant les meilleurs efforts du monde pour éviter de me faire avoir et pour rester avec des amies’ qui m’acceptent sans poser de questions, la vie trouve toujours un moyen de… faire ce qu’elle veut.

Et en général, la vie, ce qu’elle veut c’est du sexe. Enfin pour la plupart des gens, c’est ça. De ce que je peux constater.

Et même si ça fait des années que c’est comme ça et que je le sais, parfois, j’oublie. Et je me fais avoir.

C’est comme ça que l’année de mes vingt-deux ans, je me suis retrouvée à partager un verre chez une fille superbe, de plus en plus mal à l’aise à mesure que je prenais conscience qu’elle et moi n’avions probablement pas prévu la même chose pour la fin de cette soirée.

Laissez-moi revenir un peu en arrière.

J’ai arrêté d’aller en boîte l’année de mes dix-huit ans, comme je l’ai dit un peu plus haut, parce que j’ai fini par voir qu’on n’y allait pas vraiment pour danser. Du coup, je me suis inscrite à un cours de danse, et j’ai pu redécouvrir la joie de se laisser porter par le rythme de la musique. Pendant trois ans, c’était génial, pas le moindre souci. Il y avait surtout des filles, à ce cours, et à force de se voir deux fois par semaine, forcément, on s’est liées d’amitié.

Si bien que quand Ellie m’a invitée pour un week-end marathon Harry Potter chez elle, je ne me suis pas posé de question.

Oui, je sais. Je sais.

Pour ma défense, ce n’était pas la première fois que je faisais ça, j’avais déjà fait un marathon de ce genre avec une autre amie, au lycée. On avait mis douze heures à arriver au bout, et c’est tout juste si on s’était arrêtées pour manger. On avait aussi fait la sieste pendant une bonne partie du Prince de Sang Mêlé, parce qu’on était toutes les deux d’accord pour dire que l’adaptation était mauvaise, et qu’en plus c’était l’heure de la sieste. Et puis les films n’étaient pas sur Netflix, donc le lien avec « Netflix and chill » ne s’est pas fait tout de suite dans ma tête. Et puis comment est-ce que j’étais censée comprendre ? Mon cerveau ne marche pas comme ça, c’est tout. Et c’est du sérieux les marathons Harry Potter, on ne fait pas n’importe quoi.

Bref. Je suis là, avec mon verre de vin, Harry Potter vient d’atterrir dans l’allée des Embrumes, et elle tente le coup classique. Elle s’étire, son bras arrive sur mes épaules, exactement comme celui de mon tout premier copain, dans la pénombre du cinéma, toutes ces années avant.

Ça a fait tilt. J’ai regardé mon verre de vin, je me suis demandé comment j’avais fait pour merder à ce point, et surtout comment j’avais fait pour ne m’en apercevoir que maintenant. Je suis toujours plus à l’aise avec les femmes qu’avec les hommes, ça doit jouer. C’est peut-être juste parce que je me sens plus attirée par elles, mais j’ai moins tendance à vouloir m’enfuir en hurlant. C’est peut-être aussi parce que je me sens simplement plus en sécurité, vu qu’une femme a moins de chances de me forcer à faire des choses que je ne veux pas faire. C’est peut-être même sûrement un peu des deux.

Bref, je suis moins sur mes gardes quand je suis avec une femme, et du coup, je fais moins attention à tous ces petits signes qui indiquent que les choses pourraient se diriger vers du sexe. Et si je trouve cette femme attirante, c’est encore pire, surtout si j’oublie que je ne suis pas attirée par les gens de la même façon que les autres. Donc cette fois, j’admets, c’est un aussi peu de ma faute.

On finit quand même toujours par en arriver au même point.

J’étais là, j’avais mon verre de vin à la main, Harry Potter essayait de retrouver son chemin chez Borgin & Burkes, et j’étais assise à côté d’une femme à la fois très jolie et très intéressante. Pourtant, tout ce qui m’intéressait, c’était de savoir comment j’allais bien pouvoir me tirer de là.

Mais Ellie a été chouette, elle n’a pas eu l’air surprise quand je me suis glissée en-dehors de son étreinte. À la place, alors qu’Harry venait de retrouver les Weasley, elle a mis le film sur pause, pour écouter ce que je voulais dire. Pendant un instant, tout le stress est remonté, je me suis demandé si je n’avais pas mal interprété la situation, peut-être qu’elle n’avait pas la moindre intention de tenter quoi que ce soit.

Heureusement, j’avais bien compris. Et j’ai pu expliquer ce qu’il se passait à Ellie, cette personne incroyable et sublime, qui m’a écoutée. Elle a posé quelques questions, puis elle a re-rempli nos verres avant de relancer le film. On est restées blotties l’une contre l’autre jusqu’à la fin du dernier film.

Et c’est là, bien au chaud contre elle, que j’ai compris que parfois, baisser sa garde, oublier les différences, ça fait du bien.