Pour la semaine de visibilité du spectre aromantique (du 16 au 22 février), nous avons publié en avant-première des articles du numéro sur l’aromantisme, que vous pouvez retrouver ici.

frAZE, Volume 1, numéro 4 :
l’asexualité, blanche comme neige ?

Publication originale

Avant-propos

Par Michael Paramo ; traduit par Rosefinch & Aeanonyme

Quand nous avons annoncé que le thème du prochain numéro de AZE serait centré sur les intersections de l’asexualité et de la race sociale, quelques voix se sont fait entendre, critiquant ce choix. Cette revue a toujours eu pour objectif d’offrir aux membres les plus marginales’ et le plus souvent invisibilisées’ de la communauté ace un espace où iels pourraient s’exprimer librement. C’est dans cet esprit que nous avons choisi le thème de ce numéro-ci. Pour donner la parole à celleux qui sont à la fois aces et racisées’, mais avant tout pour affirmer clairement que non, les espaces aces ne sont pas uniquement dédiés aux blanches’. Les gens de toutes les communautés doivent y avoir accès. C’est cet argument qui a fait débat, puisque certaines’ demandaient s’il était bien normal que nous prenions cette décision, alors même que la grande majorité de nos lecteurices nous soutenaient.

Notre priorité, en tant que revue, c’est de permettre à l’ensemble de la communauté ace de pouvoir témoigner, débattre et faire vivre nos luttes. L’ensemble de la communauté, y compris et surtout celleux qui sont encore trop souvent oubliées’. L’Asexual Visibility and Education Network (AVEN) a récemment publié des chiffres sur les intersections entre communauté ace et communautés racisées. Il apparaît que l’immense majorité des aces se définissent comme blanches’, sans parenté Latinx. Ces chiffres proviennent d’un sondage en ligne, conduit auprès de milliers de membres de la communauté. Ils mettent en évidence un lien fort qui existe entre l’asexualité et la blanchité, sans pour autant nous permettre de tirer de conclusions quant aux origines de ce lien. Plusieurs raisons pourraient expliquer ces résultats, mais il nous semble absolument impossible d’en déduire qu’il existerait moins de personnes asexuelles racisées, tout simplement parce que c’est faux.

Dans ce numéro, nous avons donc choisi d’explorer le thème de l’asexualité en relation avec le racisme, et de tenter d’étudier les nombreux points de croisements entre ces deux sujets. Nous souhaitons aborder ce thème avec une vue d’ensemble, en proposant des travaux à la fois très nombreux et très divers, des travaux aussi bien académiques qu’artistiques. Des témoignages, des avis d’expertes’ et de militantes’, bien sûr, mais aussi des projets qui luttent contre l’image qu’a la société de nos communautés, une image encore trop souvent problématique et excluante. Nous avons choisi les contributions qui forment ce numéro afin de brosser un paysage réaliste des liens qui existent entre les asexualités et les différentes identités culturelles et transnationales. Il s’agit d’un sujet important, encore peu exploré, et dont il faut pouvoir parler librement ; nous espérons donc que ce numéro de AZE pourra servir de base pour les discussions à venir.