Une marée sanglante

Arrachez
cet utérus fertile
qui tombe en lambeaux
mois après mois sans attendre
d’enfant.

Il n’y a
pas de bébés dans
l’inventaire de ma vie.
Ni femme ni homme ne changera ce
dégoût.

Pourquoi
devrais-je souffrir
cette marée des femmes adultes
année après année sans aucun procès
à l’horizon ?

La pression
sous laquelle on me
noie, le raz-de-marée qu’on
attend de moi ; mais je suis remplie de
poussière.

Du désert
et du sang, voilà
tout ce qui jaillira hors
de moi, et ça me va, j’en suis
satisfaite.

C’est
l’évolution
qui m’a faite ainsi sans mon
consentement ; maintenant je fais mon
propre choix.

Est-ce vraiment
le meurtre d’une moisson
quand les herbes n’ont jamais
germé et quand la terre n’a jamais
été arrosée ?

N’essayez
pas de me couvrir de honte.
Vous n’avez pas votre mot à dire
sur ce que mon jardin pourrait ou non
produire.

Même
si je dois encore
m’habituer à faire avec
le sable et les débris, je suis
accomplie.