A Bit of Fry and Laurie — Le parent d'élève Directeur : Stephen Fry M. Smear : Hugh Laurie Directeur : Ah, bonjour Michaël. Michaël : Bonjour, monsieur. Directeur : Bonjour, monsieur Smear. M. Smear : Certes, mais je me passerai des politesses, vous savez, je n'en ai pas le temps. Directeur : Comme vous voulez. Vous vouliez me parler, c'est bien cela ? M. Smear : Vous savez très bien pourquoi je suis ici. Directeur : Il me semble que non. M. Smear : Dis-le-lui. Directeur : Me dire quoi ? M. Smear : Dis-lui ce que tu as dit à ta mère hier soir. Allez, allez ! « Les rapports sexuels… » Michaël : Les rapports sexuels conduisent souvent à la grossesse chez la femme adulte. M. Smear : « …conduisent souvent à la grossesse chez la femme adulte. » Directeur : Certes ? M. Smear : Vous avez entendu ça ? Directeur : Certes ? M. Smear : Hé bien, je voudrais que vous m'expliquiez ça, monsieur. Directeur : Vous expliquer quoi ? M. Smear : M'expliquer comment il se fait que mon fils se met à utiliser de tels mots devant sa mère. Directeur : Hé bien, je suppose que c'est une phrase apprise en cours de biologie, n'est-ce pas ? Michaël : Oui, monsieur. Directeur : C'est bien ça, avec M. Hent. Content de voir que tu en as des restes. Michaël : Merci, monsieur. M. Smear : Hé bien, je peux vous dire que je ne m'attendais pas du tout à ça ! Directeur : Plaît-il ? M. Smear : Je ne savais pas que les mœurs ici étaient si légères. Directeur : C'est-à-dire ? M. Smear : Je suis venu me plaindre que mon fils apprend des mots obscènes de ses camarades. Je suis absolument outré ! Vous me dites que c'est le contenu d'un de ses cours ! Qu'est-ce que vous faites à tous ces enfants ? Directeur : Nous essayons d'apprendre à votre fils… M. Smear : Oh, vraiment ? Vous êtes sûr ? Lui apprendre quoi ? À embarrasser ses parents ? À se piquer à l'héroïne ? Quoi donc ? Directeur : Monsieur Smear, je vous assure que nous ne voulons pas… M. Smear : Et vous prétendez être une école ? Directeur : Je ne prétends pas moi-même être une école, non. M. Smear : Vous devriez avoir honte de bourrer le crâne de mon fils avec de telles grossièretés. Je vais vous expliquer comment ça se passe, dans le monde réel : vous me fournissez un service. Directeur : C'est vrai. M. Smear : C'est vrai, oui, et je ne suis pas satisfait. Je ne suis pas satisfait de votre service. Directeur : Vous préféreriez que Michaël n'aille pas en cours de biologie ? M. Smear : Évidemment, si c'est pour qu'il finisse par répéter ce genre de mensonges à l'heure du dîner. Directeur : Ce ne sont pas des mensonges, monsieur Smear. M. Smear : Ah bon ? Vous y croyez ? Les rapports sexuels peuvent conduire à la grossesse chez la femme adulte ? Directeur : Bien sûr, c'est un fait. M. Smear : Un fait mon cul ! Ce n'est qu'une rumeur abjecte répétée par de jeunes hippies depuis quarante ans. Directeur : De jeunes hippies de plus de quarante ans ? M. Smear : Non, la rumeur ! Depuis quarante ans. C'est de là que ça vient, les gens comme vous. Directeur : Monsieur Smear, la reproduction sexuelle fait partie du programme de biologie depuis bien des années. M. Smear : Je m'en fiche, de votre fichu programme ! À quoi ça sert, un programme, là dehors ? Directeur : Où ça, dehors ? M. Smear : Là ! Directeur : Dans la rue Arkwright ? M. Smear : Moi, j'appelle ça la jungle Arkwright. Directeur : Alors… que préféreriez-vous que nous enseignions à votre fils ? M. Smear : Je préférerais… je préférerais que vous lui enseigniez les bonnes mœurs, monsieur… Directeur : Casalingua. M. Smear : Casalingua. Les bonnes mœurs, le respect, la décence, la morale. C'est ça, votre boulot. Vous n'êtes pas censé avilir mon fils avec vos ragots lubriques ! Directeur : Michaël est bien votre fils, n'est-ce pas ? M. Smear : Bien sûr que c'est mon fils. Directeur : Vous et votre femme avez donc eu des relations sexuelles au cours de votre vie ? M. Smear : Bien. C'en est trop. Je vais vous faire rentrer moi-même la vérité dans le crâne. Directeur : Vous voulez vous battre, c'est ça ? M. Smear : Oh oui, je veux. Ça me met hors de moi ! Directeur : Et moi hors de ma chaise. M. Smear : C'est absolument honteux que vous osiez parler comme ça devant mon fils. Directeur : Monsieur Smear, si vous n'avez pas eu de relations sexuelles avec votre femme, comment Michaël peut-il être votre fils ? M. Smear : Michaël a été conçu… Directeur : Oui ? M. Smear : …normalement. Directeur : Et comment, d'après vous, conçoit-on un enfant normalement ? M. Smear : N'essayez pas de me faire parler de sexe ! Directeur : Non, non. M. Smear : Bien. On conçoit un enfant normalement… en se mariant. On achète une maison, on s'y installe. On la meuble, tout ça, puis… on attend. Directeur : Ah. M. Smear : Il faut manger ses trois repas chauds par jour. Directeur : Trois repas chauds ? M. Smear : Chauds, c'est ça. Directeur : Et Michaël est arrivé, comme ça ? M. Smear : Hé bien, ça date d'il y a quelques années, mais… oui, un jour, il était là, comme ça. Directeur : Et jamais de votre vie vous et votre femme n'avez eu la moindre relation sexuelle ? M. Smear : En effet. Ça vous dépasse, hein, ça vous dépasse de voir qu'il y a encore des gens capables de concevoir un enfant sans avoir besoin de cannabis ni d'aides sociales ? Directeur : Je ne saurais pas quoi vous dire. M. Smear : Je m'en doute, c'est pas souvent qu'un client vient vous faire de requête, n'est-ce pas ? Directeur : Pas de ce genre, monsieur. M. Smear : C'est bien, vous découvrez les dures lois du marché, monsieur Casalingua. Directeur : D'accord, que voulez-vous que je fasse ? M. Smear : C'est évident, non ? Directeur : Je ne sais pas. M. Smear : Hé bien, si je retourne au magasin parce que je ne suis pas satisfait, disons, de mon cardigan, on me l'échange avec le sourire. Directeur : Vous voulez échanger votre fils ? M. Smear : Bien sûr ! Il est souillé à présent ! Directeur : Je suis désolé, nous n'avons pas de fils de rechange. M. Smear : Qui l'eût cru ? Qu'est-ce que vous me proposez à la place ? Directeur : Oh, nous avons des sauterelles dans le laboratoire. M. Smear : Des sauterelles… Pouvez-vous me certifier que ces sauterelles ne diront pas de vilains mots à ma femme lors du dîner ? Directeur : J'en suis assez certain. M. Smear : Combien y en a-t-il ? Directeur : Hé bien, deux, pour l'instant. M. Smear : « Pour l'instant », c'est-à-dire ? Directeur : C'est-à-dire qu'elles sont mariées, ont acheté leur propre cage, l'ont meublée, s'y sont installées, et mangent trois repas par jour. M. Smear : Des repas chauds ? Directeur : Tièdes. M. Smear : Donc ma femme pourrait se retrouver grand-mère un jour ? Directeur : C'est tout à fait possible. M. Smear : Ça lui plairait bien.